synthèse
Cet article présente la synthèse du rapport mensuel traitant sur "la cohésion sociale face aux exclusions multiformes en milieu académique dans le Nord et Sud Kivu". Nous l'abordons dans une approche où nous pensons que la société en général dans laquelle se vit les exclusions multiformes de personnes sur base de leurs identités (race, sexe, handicap physique, ethnie, religion, etc.) Ainsi, nous invoquons le rôle des universitaires (étudiants, professeurs et autorités académiques), les instances nationales et internationales dans l'instauration de la cohésion sociale dans le milieu académique.
Mots clés
Cohésion sociale, l'inclusion sociale, l'exclusion multiformes, milieu académique, institut supérieur et universitaire, ethnie, tribu, handicap physique, race, et racisme.
Introduction
Le contexte de fragilité (politique, social, économique, sanitaire, etc.) exacerbé par des dérives liées à la concurrence politique ; la faiblesse du cadre institutionnel formel de gestion pacifique des conflits intercommunautaires, en particulier dans les zones touchées par les conflits armés ; l'impunité pour les violations et connue aux droits de l'homme ; la marginalisation et la discrimination faites à l'encontre des minorités, groupes et catégories marginalisés, les méfiances réciproques entre les personnes, élimineront les exclusions multiformes dans la société. La situation est particulièrement préoccupante dans des contextes aussi fragiles que celui de la République démocratique du Congo, dans la mesure où ils sèment les graines de la suspicion et de la méfiance entre communautés ; légitiment l'exclusion ; les inégalités et la discrimination ; et nourrissent le ressentiment et la défiance auprès des personnes victimes.
Dans la société africaine, les éléments constitutifs de la personnalité sont considérés comme « les gènes de l'âme », ceux-là conditionnent aujourd'hui la fréquentation et l'argument majeur de la sélection à l'accès aux opportunités. Ces éléments influencent le vivre ensemble et la méritocratie, à la place des normes universelles de l'inclusion sociale. Au Congo Kinshasa, à l'image de la société en général, la cohésion sociale est absente dans le milieu académique. Pourtant, ce milieu est un cadre qui devrait favoriser et influencer la cohésion et l'inclusion sociale dans tous les milieux sociaux.
Au vu du déchirement de la société, comment se dérouler le quotidien dans le milieu académique ? Les institutions de l'ESU veillent-elles à la cohésion sociale ? Les cas d'exclusions dues aux caractères identitaires sont-ils perpétrés ? Si ces exclusions dues aux appartenances existaient, sont-elles plus réalisées que dans les années passées ? Quelle serait la responsabilité des étudiants et des institutions académiques ? Que faire pour que la cohésion sociale puisse s'installer dans le milieu académique ?
Pour produire ce travail, nous avons utilisé une méthodologie hybride (qualitative et quantitative).Dans le respect de la confidentialité, nous n'avons pas pu divulguer les identités complètes des personnes qui ont donné leurs avis. Huit institutions ont été prises comme échantillons (ISC/GOMA, ISDR/GOMA, UNIGOM, ISTOUT/GOMA, UOB, ISTM/BUKAVU, ISP/BUKAVU et ISRD/BUKAVU). Au total, 112 personnes ont été enquêtées, avec une représentation féminine à hauteur de 45 % soit 50 enquêtées, contre une représentation masculine de 55 % soit 62 enquêtées. Ce présent travail donne un aperçu de la situation en lien avec la cohésion sociale et les exclusions multiformes en milieux académiques. Il présente l'évolution des exclusions multiformes dans les milieux académiques sur la base des facteurs identitaires. Il détermine les facteurs qui contribuent au développement des cas d'exclusions multiformes dans le milieu académique.
Il s'observe, de nombreux jeunes qui quittent leurs villages situés au fin fond des provinces, dans l'objectif de s'installer dans des villes, en raison d'apprendre la science, la compétence et la culture qui les rendront plus aptes à servir la société, mais dans le milieu académique, par l'influence du déchirement et de la division réunis par plusieurs épisodes malheureux vécus, ils y perdent trop souvent des valeurs du vivre ensemble qui sont considérées, comme un patrimoine précieux perdu et recherché par les différentes civilisations qui les avaient vu grandir . Depuis plusieurs années maintenant, l'enseignement supérieur et universitaire congolais est en proie à des idéologies de partis (clans, tribus, religions, partis politiques, etc.), cela est confirmé par 76 personnes sur 112 enquêtées. Les libertés religieuses sont muselées. L'idéologie ethnico-tribaliste y est présente. Les droits des personnes vivant avec handicap sont ignorés. Les exclusions multiformes y trouvent un terrain fertile et gagnent le terrain sans aucune inquiétude, précisent 71 personnes sur 112 enquêtées. 74 personnes confirment avoir été victimes de l'exclusion sur base de leurs identités au moins une fois, 28 personnes ont signalé l'avoir été plus d'une fois.
Les provinces du Nord et Sud-Kivu instables depuis plus de deux décennie suite aux violences dues aux conflits intercommunautaires et des différentes rébellions qui ont secoué le pays depuis les années 90. Cette crise ne cesse d'impacter le milieu académique qui reçoit les étudiants de tous bords gardant encore les séquelles des violences. Les effets de ces violences non soignées sur le plan psychologique ont déjà rendu le milieu académique dans les deux provinces du Kivu, un sanctuaire des violences entre les membres des communautés dans une quête de dominance aux autres, à la recherche du pouvoir et du contre-pouvoir. Sur ce, l'accès à la gestion de l'institution de l'ESU dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu devient comme une victoire d'une communauté ethnique, d'un clan, d'une communauté religieuse, ou d'un parti politique, que le début d'un espoir de changement ou d'une réforme. C'est de cette manière qu'on pourrait qualifier les institutions académiques dans les deux provinces''des instruments de vengeance et non de la promotion de l'éducation''. Les étudiants qui devraient jouer le rôle de moteur de la transformation de la société à partir de leur bagage intellectuel, ne cessent de devenir un blocage pour tout l'avenir de la nation congolaise.
Le quotidien dans le milieu académique dans le Nord et le Sud-Kivu se voit pris en otage par les règlements de comptes entre eux-mêmes, entre professeurs et étudiants, étudiants-professeurs, etc. Même sans compétences requises, chacun veut promouvoir le membre de son clan, de sa communauté ethnique/religieuse, ou même de son parti politique. Cette animosité a eu pour conséquence dans le milieu académique, la constitution des groupes de ressortissants, qui participe, soit dans la défense du pouvoir de l'un de leurs qui est soit à la gestion de l'institution ou facilite le rapprochement entre les deux parties ou soit avec le professeur de leur tribu pour le ''favoritisme''. Nombreux qui agissent partie des groupes de ''brigadiers'' (pour maîtriser toute voix dissidente contre le pouvoir de celui dont ils jugent le ''notre''). Les rivalités entre les communautés se font passer maintenant entre les étudiants et leurs éducateurs. La place de la science semble n'est pas avoir raison d'être encore. Ces genres d'antivaleurs sont assez révélés lors des élections des représentants des étudiants. Ici, les influences des communautés jouent un rôle primordial. Ce virus est à la base de la promotion du tribalisme, du clientélisme, du népotisme et du favoritisme dans le milieu académique congolais,
" Lorsque j'étais élu CP (Chef de promotion), il fallait qu'on élise le PP. Le soir j'étais appelé par le président de notre communauté chez lui, où j'avais trouvé d'autres CP, tous de ma communauté. Le président de la communauté avec un professeur, qui est son conseiller, tous nous l'avions dit, si nous ne votons pas le PP de note communauté, c'est le pouvoir de la première Autorité de l'institution qui va tomber après. C'était ma première fois d'écouter cela car j'étais en G1, et je ne savais pas les enjeux"
Outre ces défis, dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, les institutions supérieures et universitaires naissent et grandissent au jour le jour. La plupart sont les dissidents des églises, rédigés d'ethnico-idéologiques. La rivalité sur la base des croyances se manifeste dans les consciences des dirigeants, des leaders et de la population lambda. D'autres parties, les faits sont alarmants de voir comment les infrastructures et bâtiments abritant les institutions d'enseignement supérieur et universitaire sont construits. Même ceux qui réhabilitent les bâtiments jadis construits par les colons, la notion de l'inclusion est loin d'entrer dans leurs volontés. Dans l'âme et le cerveau architecturaux, ces infrastructures incarnent déjà l'exclusion des personnes vivant avec handicap physique. A l'image des bâtiments de l'UNIGOM (campus du lac ex kinyumba), ISP/Bukavu, ISTM/Bukavu etc., les personnes en mobilités réduites, dont celles qui se promènent sur les chaises roulantes et celles usant des béquilles pour se déplacer, voient leurs vies académiques se compliquer chaque jour davantage. N'en parlons pas même lorsque les troubles intercommunautaires ou politico-politiciens se chauffent dans les milieux académiques, sans aucune protection, elles payent le prix de la mauvaise gestion des institutions de l'ESU.
Conclusion
Ainsi, dans le milieu académique, les minorités et les personnes sous-représentées (les personnes vivant avec handicap, les personnes appartenant à des religions sous-représentées, les personnes issues des ethnies, de tribus, et des communautés minoritaires) ne vivent pas les mêmes droits comme d'autres personnes. L'exclusion sociale qui touche cette catégorie menace la cohésion sociale dans ces havres d'excellence. Elle porte non seulement atteinte à la dignité de la personne humaine et constitue un déni de ses droits fondamentaux, elle est aussi liée à l'instabilité sociale, éducative et à l'aggravation des inégalités. Elle induit également des phénomènes de marginalisation, de réplique sur soi, provoque des violences, et fragilise les fondements d'une jeune démocratie de nos sociétés et de ses institutions.
Le
problème réside moins dans la compatibilité des caractères et identité des
personnes, loin de là, il se situe dans le pouvoir hégémonique imposé par
quelques prédateurs, dans le manque de fraternité entre les hommes, dans la
non-application des textes et lois régissant le déroulement de la vie en
société, dans le milieu académique en particulier et dans la société en
général.
Tout
autour de nous s’étalent, de par le monde, les tragiques conséquences de notre
incapacité ou de notre refus de vivre en paix avec les autres. L’éducation doit
jouer un rôle clé dans le vivre
ensemble. En entretenant des attitudes, des valeurs et des modes de pensée
avisés, en particulier grâce au contenu et aux méthodes que doit offrir
l’enseignement et l’apprentissage, l’éducation peut nous aider à nous préparer
à la vie. Il ne s’agit pas de préconiser l’uniformité, mais au contraire
d’accepter la variabilité humaine et de célébrer la diversité culturelle. Les
institutions de l’ESU dans leurs missions devraient continuellement anticiper
le fonctionnement social tout en apportant des vraies réponses aux questions
qui se posent dans la communauté. Ainsi, elle devrait faire vase communicant avec
la vie courante nationale, culturelle et universelle. Pas dans le sens que l’université soit aussi confrontée par
les mêmes fléaux communautaires, mais être un réservoir approvisionnant des
remèdes aux maux qui frappent de plein
fouet nos entités. L’université doit
suivre les fluctuations, les progrès et les changements, de front de cette vie
courante nationale et universelle.