Résumé
Autrefois pilier de la lutte démocratique en
République Démocratique du Congo, la société civile apparaît aujourd’hui comme
un acteur ambivalent, à la fois victime et complice des dynamiques de crise
qu’elle prétend dénoncer. Cet article interroge les causes profondes de cette
mutation en examinant comment les héritages coloniaux, les reconfigurations
identitaires, la dépendance aux bailleurs de fonds et l’instrumentalisation
politique ont progressivement transformé certaines Organisations de la Société
Civile (OSC) en courroies de transmission de discours de haine ou en relais
d’agendas partisans. En mobilisant une méthodologie qualitative fondée sur
l’analyse documentaire rapports, déclarations publiques, récits médiatiques et
analyses critiques nous mettons en lumière les mécanismes de cooptation, de
fragmentation et de délégitimation qui minent l’action citoyenne.
L’article avance que la société civile congolaise, en
l’état, ne peut plus répondre aux défis contemporains : conflits armés,
polarisation ethnique, corruption structurelle, exclusion sociale. D’où
l’urgence de concevoir un nouveau modèle, indépendant, inclusif, ancré dans
l’éthique et orienté vers la transformation sociale. Cette réflexion s’achève
par l’appel à une refondation lucide et critique de la société civile, et
annonce la publication prochaine d’un cadre théorique et opérationnel dans
l’ouvrage « La crise socio-sécuritaire en RDC : rôle et actions de la
société civile ».